LES DERNIERS JOURS DE L'ÉTÉ
«J'ai été frappé par le fait que la caractéristique déterminante d'être enrôlé dans la race noire était peut-être le vol inéluctable du temps, car les moments que nous avons passés à préparer le masque ou à nous préparer à en accepter la moitié ne pouvaient être récupérés. Le vol du temps ne se mesure pas en durée de vie mais en moments. C'est la dernière bouteille de vin que vous venez de déboucher mais que vous n'avez pas le temps de boire. C'est le baiser que vous n'avez pas le temps de partager, avant qu'elle ne sorte de votre vie. C'est le radeau de la seconde chance pour eux, et les journées de vingt-trois heures pour nous.
- Ta-Nehisi Coates: entre le monde et moi
Ces images proviennent d'un travail en cours, intitulé The Last Days of Summer, qui explore l'intersection du Black Britishness, de la classe et de la masculinité et comment cela a défini la vie de ceux que j'ai photographiés entre 2008 et aujourd'hui.
Les images ici, nagent dans une mer et sont prises par son courant. Une mer blanche de représentations historiques des hommes noirs, qui le plus souvent, les a damnés plutôt que loués. En tant que tel, je suis intrigué par la façon dont mes images se manifesteront différemment à la fois par le regard noir et blanc.
À partir de 2008 en tant qu'observation d'un groupe de jeunes hommes à Handsworth. Huit ans plus tard, en 2016, au terme de ce qu'on pourrait appeler leur jeunesse, la documentation recommence à observer comment leur masculinité collective se manifeste dans les limites de l'espace et du temps. Au fur et à mesure que le travail progressait, ce concept de fin de chapitre reflétait une confrontation avec le changement de la société en général en Grande-Bretagne.
J'avais cru que ces hommes sortaient de leur acceptation en tant que jeunes, mais j'ai réalisé qu'ils sortaient aussi de l'acceptation d'être considérés comme des citoyens britanniques. Surtout pour ceux dont le vote pour le Brexit était enraciné dans le désir d'une Grande-Bretagne monoculturelle trouvée dans un engagement renouvelé à faire de la Grande-Bretagne une marque historiquement blanche.
Pour conclure, ce travail, le deuxième chapitre d'une trilogie explorant la migration entre la Jamaïque et le Royaume-Uni, représente une lutte personnelle et sociétale contre le changement. Un changement qui se manifeste comme celui qui exclut de plus en plus ces hommes noirs individuels de la britannicité.
De l'austérité à un monde post-Brexit, ces hommes noirs vivent au bout d'un rêve. Un rêve qui a amené leurs grands-parents en Grande-Bretagne.
Un rêve désormais terminé.