«Le Cap est une ville qui reste en guerre avec elle-même. C'est une guerre qui existe à travers les silences et dans les fissures qui permettent à des histoires et à des réalités complètes de se faufiler… c'est une ville qui vit la violence et le génocide qui a été son histoire… une ville qui continue d'être déchiquetée par complexités de la division et de la violence. La violence de la ville, ses extrêmes de richesse et de pauvreté et les réalités inconciliables qui existent à l'intérieur de ces extrêmes, marquent chaque jour chacun de manière qui n'est pas toujours claire, consciente ou visible. »
Yazir Henri et Heidi Grunebaum. Centre d'action directe pour la paix et la mémoire
Plusieurs années se sont écoulées depuis que ces images ont été prises, depuis cette époque où mon chemin croiserait avec un homme dont je n'apprendrais jamais le nom dans ce monde au bord de la mer que certains appelleraient la ville mère.
Un matin au Cap, juste avant Noël, un homme de trente-six ans dans sa vie mourrait, et comme le sont les collisions étranges et arbitraires de notre monde; un étranger d'Angleterre photographierait sa main posée sur une couverture rouge quelques heures après sa mort.
Au cours des mois qui se sont écoulés depuis cette époque, j’ai souvent pensé à ce moment, à l’immobilité et au silence de la pièce, et aux rires étouffés au soleil au-delà de la porte légèrement ouverte de la morgue. Bien sûr, ces images sont en effet, comme le cite André Bazin, les masques mortuaires d'une époque révolue; Pourtant, les sentiments que j'ai ressentis en errant pendant deux mois dans la ville du Cap persistent et ne me quitteront peut-être jamais.
Au-delà de la prémisse sous-jacente de l'observation de la ville et des espaces variés à l'intérieur, j'étais également intéressé à tenter d'examiner la psychologie de ceux qui vivaient avec les réalités difficiles de la ville en construisant des images imprégnant un air d'introspection et d'anxiété.
Ce qui est clair, c'est qu'en 2021, près de 70% des Sud-Africains étaient des citadins. En ce sens, pour la première fois, la ville sera le lieu de rencontre de la majorité de ses citoyens et donc le théâtre où les angoisses de la nation seront exprimées et vécues.
A travers mes images, je ne prétends pas donner de réponses, mais au contraire, j'espère ouvrir une fenêtre de discussion qui tente d'examiner les façons dont les gens sont inévitablement et pourtant inconsciemment marqués par le passé, par les espaces fragmentés et transitoires de le présent et enfin par les réalités inconciliables de l'avenir.
Andrew Jackson
Cette œuvre a été exposée en tant qu'expositions personnelles à la New Walsall Art Gallery, à la Focal Point Gallery et à Unit 2 Gallery, Londres. Il a été financé par l'Arts Council England et huit images de cette série ont été achetées pour la collection permanente NAGW.
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